Trouver
du latin tropare, écrire des vers.
Savez-vous que l'on ne trouve pas le bonheur par chance, par hasard ? Que le bonheur n'est pas une chose toute faite qui "vous arrive" comme ça, sans que l'on ait rien à faire. C'est que le bonheur, si on veut le "trouver", il faut le composer, le tourner à sa façon … C'est un effort d'imagination et de construction. Le bonheur ou l'amour, enfin, tout ce que l'on souhaite …. trouver !
Imagination et composition.
Trouver requiert imagination et art de la composition. Comme pour le poète. Il trouve. Le poète est un trouveur de vers. Ou plutôt un trouvère. Et ce trouvère là "trouvait", c'est-à-dire qu'il composait des vers. C'était cela, trouver, autrefois, à ses origines.
Le grec avait un mot "tropos", au sens très large. Le dénominateur commun à tous ses sens était l'idée de "tour", "tourner". Et plus particulièrement, façon de
tourner un discours, d'agencer un texte. Tropos en grec, tropus en latin et trope en français où le mot signifie encore figure de style.
Sur tropus, le latin populaire a forgé le verbe "tropare", composer de belles phrases et mélodies. D'où le trouvère (trouver/trover au nord) et le troubadour
(trouver/trobar au sud)
D'inventer à découvrir
Ce n'est que par la suite que le verbe trouver a étendu son champ sémantique. Aux sens que nous lui connaissons actuellement. D'inventer, il est passé à "découvrir ce que l'on cherche". Et le sens de "composer des vers" a disparu.
Alors trouver le bonheur, trouver l'amour ? A nous de composer, d'être des trouveurs !
Isamatelote
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Comme j’évoquais le sens de la racine grecque rh, qui coule, donnant quelques exemples (Rhin, Rhône, rhume, logorrhée etc.), mes interlocuteurs me proposèrent Rhésus. Le sang coule, me dirent-ils. J’étais quelque peu sceptique. Rhésus me semblait être le nom d’un homme lié à la découverte du facteur. Et puis sémantiquement rhésus en lui-même n’évoque aucune idée d’écoulement, de fluidité.
Doute oblige, je vérifie. Le facteur Rhésus a été baptisé du nom de l’espèce des singes qui servirent à mettre en évidence ce « facteur agglutinogène, dont la présence ou non dans le sang détermine le groupe sanguin » (TLF).
Laquelle espèce de singe a elle-même été arbitrairement baptisée par les zoologistes (1799) du nom d’un roi légendaire de Thrace, Rhésus ou Rhésos. Un ami de Pâris qui fut égorgé par Diomède et Ulysse avant qu’ils ne puissent porter secours aux Troyens. Et savez-vous de qui il est le fils ? D’un fleuve ! Nous voilà donc à la source même de la racine RH du facteur rhésus.
Cette petite histoire est instructive. N’avoir jamais de certitudes sans avoir remonté le long cours de l’histoire d’un mot, mener sa barque doucement et sûrement. Mais ne jamais non plus s’interdire aucune interrogation, s’autoriser bien au contraire toutes les curiosités, tous les « pourquoi pas », tous les « et si ... » aussi farfelus puissent-ils sembler à condition de ne pas s’arrêter là, se croyant arrivés à bon port, mais d’entreprendre par le voyage vers la source. Et si elle n’est pas du tout là où on la croyait, qu’importe ! On aura fait un beau voyage.
Isabelle
Et pour ceux qui voudraient explorer les alentours de la source, un petit tour mythologique :
Rhésus, roi de Thrace, était le fils du fleuve Strymon. Après s’être illustré par ses exploits en Europe, il vint au secours du roi Priam (roi de Troie) qui l’attendait d’autant plus
impatiemment qu’un ancien oracle avait prédit que Troie ne serait jamais prise si les chevaux de Rhésus buvaient les eaux du Xante et paissaient dans les champs troyens. Les Grecs, qui
connaissaient cet oracle, chargèrent Ulysse et Diomède d’arrêter la marche de Rhésus. Ces deux héros, ayant pénétré dans son camp à la faveur de la nuit, l’égorgèrent et enlevèrent ses chevaux.
(Source, Dictionnaire pour servir à l’intelligence des auteurs classiques grecs et latins).