En illustration au p'tit mot de "marié"

L'Ormeau et la Vigne

« Laissez-moi m'attacher à votre tronc robuste,

Disait un jour la Vigne à l'Ormeau, son voisin,

Sans vous, adieu ma tige, adieu mon doux raisin !

Je ne suis qu'un fragile arbuste

Que les bœufs fouleront sous leurs sabots pesants,

Et que viendra brouter quelque animal vorace.

Ormeau, pour que je vive, accueillez-moi, de grâce,

Et vous me verrez tous les ans,

De mes pampres fleuris vous faire une couronne ;

Et puis le vent de chaque automne,

Faisant sur vos rameaux flotter mon fruit vermeil,

Vous serez l'Ormeau sans pareil... »

L'arbre, plein de bonté, reçut la jeune plante,

Qui longtemps vit éclore une moisson brillante,

Et grandit, vigoureuse, autour de son appui.

Quand de nombreux hivers eurent fondu sur lui,

Les Aquilons, riant de sa faiblesse,

Contre son front ridé vinrent en menaçant ;

Mais l'arbuste reconnaissant

Fut pour l'Ormeau débile un bâton de vieillesse. 

 

Pierre Lachambeaudie

Fables

C. Delagrave, 1903

 

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