Roulons en code

Revenue en Normandie, à la campagne, j’utilise à nouveau régulièrement la voiture pour me rendre à Caen. Souvent en fin d’après-midi, avec, en cette période hivernale, des retours de nuit. Sur les petites routes,  je m’éclaire, bien sûr, plein phares ! Mais dès que je croise un autre véhicule, je me dois de passer en code.
Non contente de me battre avec l’obscurité, la brume qui monte de l’Orne proche, la sinuosité de la route et l’éblouissement des phares, il faut encore que je me creuse les méninges.

 

Plein phares, pas de problème. Veilleuses, non plus. Mais code ! Allez savoir pourquoi l’on appelle ces feux de croisement (terme plutôt utilisé désormais) « codes ». Je ne peux au volant que me contenter d’une hypothèse, que je vérifie dès que je rentre. Avec succès.L’usage des feux de croisement, ou feux modérés contrairement aux feux de route, qui eux sont plein phares, est prescrit par le code de la route, appelé par ellipse "le code". Si l’on respecte bien cet usage (et c’est préférable si l’on ne veut pas être verbalisé), on roule donc conformément au code, on roule « en code ».

 

Le 28 octobre 2004, à la veille d’une campagne d’incitation à rouler de jour avec les feux de croisement allumés en dehors d’une agglomération, La Croix titrait : Rouler en codes, pour plus de sécurité.
Vous remarquerez le pluriel « en codes ». Le singulier semble plus logique. Comment expliquer un pluriel ? Cela vient du nom qu’ont pris les phares eux-mêmes : feux de code, ou phare code, mis en apposition, et qui au pluriel a donné phares codes. Par ellipse, il n’est plus resté que code : codes allumés, codes éteints.

 

Bref, roulons en code, toujours. Pour ne pas éblouir. Éviter l’accident. C’est comme dans la vie, où là aussi finalement il nous faut vivre en code, celui de l’usage, celui de la bienséance, celui de la déontologie de notre profession, celui des lois de notre pays, non, et actuellement, plus particulièrement celui de la crise sanitaire. Là encore pour éviter l’accident. Évidemment, vivre en code en met un peu moins plein la vue que vivre plein phares. Certains cassent les codes, d’autres les contournent. Au risque parfois d’aveugler autrui.

 

Isamatelote





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