Déconfinement
Le déconfinement est sur toutes les langues, dans tous les discours. Un mot qui fait rêver ... et pourtant, un mot qui n'existe pas. Ou
du moins qui n'existait pas jusqu'à ce jour. Vous ne le trouverez ni dans le Larousse, ni dans le Robert.
Formé à à l'aide du préfixe dé ( latin, dis-) latin) qui sert à modifier le sens d'un terme primitif en exprimant, entre autres, la cessation ou l'inverse d'une action ou d'un état, le mot
déconfinement est un néologisme, nom commun dérivé d'un verbe supposé ( car il n'existe pas non plus), déconfiner.
De quel mot disposions-nous pour exprimer cette idée sans avoir à créé un nouveau mot ? Le TLF ne donne pas d'antonyme au nom confinement, mais il en donne à trois pour le verbe confiner : aérer,
libérer, ouvrir. Le supposé verbe déconfiner comporterait donc toutes ces idées à la fois ? Le déconfinement ce serait changer d'air ? Ouvrir nos portes, faire
tomber nos barrières et nos peurs, faire exploser nos espaces et nos esprits ? Libérer nos humeurs, nos énergies ? Mais alors pourquoi pas simplement libération ?
Libération. Un mot qui va bien avec la sémantique martelée en début de confinement. Nous aurions poursuivi dans la même veine. Et puis, libération, c' est un mot clair, qui sonne - i ! a!
é! - comme les trompettes de Jéricho. Libération, c'est encore l'effervescence d'un certain 24 août, le déferlement dans les rues, les retrouvailles, les embrassades. Perte du contrôle. À
éviter.
Alors trouvons le mot. Qui convient mieux. Et voilà que surgit déconfinement aux sourdes sonorités : on ne claironne pas, on ne se répand pas en cris de joie. Un mot au long
déroulement, qui n'en finit pas d'éternuer ses nasales. Un mot structuré, cloisonné, réfléchi, prudent. Qui rime avec commandement et gouvernement. Un mot créé de toutes pièces pour le bien
commun que sans aucun doute l'euphorie de libération ne pouvait pas servir. Gageons qu'il entrera triomphalement dans l'édition 2021 du Petit Larousse !