Etymologie, histoire des mots, lexique, vocabulaire ....

LES P'TITS MOTS-PASSION

Paysan,
du latin pagensis, qui habite le pays, le canton. 

 

Du paysan à l'agriculteur

Avant d'être agriculteurs, ils étaient paysans.Ce n'était pas un métier, c'était un état. Une condition. Une appartenance à une classe. Ce n'est que bien plus tard que le terme d'agriculteur s'est imposé, désignant l'homme par sa profession.

On naissait paysan, on était paysan. La terre, il fallait la travailler. Pour vivre. Pour survivre.Dur labeur que le labour !

Le mot  laboureur désignait le paysan par le travail qu'il devait accomplir.  II sera supplanté par celui de cultivateur, d'un emploi plus large, qui englobe toutes les activités liées à la culture : labourer, mais aussi fumer, semer, moissonner. Plus tard, avec l'apparition de l'agronomie, le cultivateur deviendra d'agriculteur, mot savant qui désigne "tout cultivateur soucieux d'appliquer à son travail les tecnniques nouvelles".

C'est ce mot-là que les études statistiques ont conservé.

 

Paysan, mot peu flatteur ?

Le Dictionnaire de l'Académie, dans sa quatrième édition (1762) cite les exemples suivants pour illustrer l'emploi du mot. "Un pauvre paysan" et "Une grosse paysanne" ! Voilà, tout est dit. Les paysans sont pauvres, les paysannes sont laides.

La sixième édition (1832) tente de changer l'image du paysan et fait se côtoyer"Un riche paysan" et le "pauvre paysan". Quant à la "grosse paysanne", elle se transforme en " belle paysanne". 

 

Pourtant, aujourd'hui encore, le mot est peu employé par ... les autres, ceux qui ne sont pas paysans. Comme si c'était faire insulte à ....Commesi être paysan, c'était ... C'était quoi ? Être moins évolué ? moins raffiné ? moins lettré ? moins intelligent peut-être ? 

Normal.Le paysan n'était-il pas l'homme de la campagne, du pays, alors que le langage, les mots, eux, appartenaient au monde de la ville et à ses habitants, ces gens "policés et cultivés" ! Et pour ces gens-là, le paysan, c'était un bouseux, un cul-terreux, un pezdouille. Autrement dit, il était sale et sentait mauvais. C'était encore être un péquenot, un pétrousquin, un rustre. Rien qu'un cambroussard qui ne s'est pas frotté-poli à la culture ... de la ville !

 

Le vilain payen

Et puis le paysan, quand il n'était pas serf, n'était-il pas jamais qu'un vilain ? Un mot devenu aujourd'hui adjectif, contraire de gentil, au sens d' aimable. Mais à l'origine, le vilain était un paysan, certes libre contrairement au serf,mais qui n'en était pas pour autant un gentil, c'est à dire un homme bien né. Une évolution sémantique riche d'enseignement que celle de ces mots vilains et gentils

Noircissons encore le portrait ! Le paysan était certainement l'homme le plus superstitieux qui soit,un mécréant, pas encore évangélisé, parce qu'il habitait en un lieu trop retiré (pagus), inaccesible. Le mot païen est tout simplement une graphie du mot païsan.

 

La fierté du mot

Alors évidemment, on comprend que les gens de la ville, les  gens bien nés et cultivés hésitent, un peu, avant de l'employer. Stupide peur de froisser l'autre, parce que l'on investit son nom d'un contenu tout idéologique.

Et pourtant ... les mots et le langage n' appartiennent plus en exclusivité ax gens de la Ville ! A preuve ces " paysans écrivains" qui revendiquent leur identité.  A preuve encore ces femmes réunies en atelier d'écriture, dont l'une s'exclamait fièrement, "Moi,s je suis une paysanne, une femme de paysan " ! Approuvée et applaudie par toutes les autres.


Isamatelote

 
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Cul-terreux, le mot reste dans l'imaginaire comme un cul plein de terre, un pantalon sale ! Mais à l'origine, l'emploi du mot était surtout féminin, et signifiait, " riche héritière" parce que "qui a de la terre au cul" !

Pedzouille, origine incertaine, mais contient peut-être bien l'idée de "derrière" et de "puer".

Péquenot est peut-être issu de pékin, ou péquin, signifiaint "chétif, malingre, ignorant, avare".

Pétrousquin mot peut-être formé sur pétras, paysan crédule, avec un suffixe en –quin lié à troussequin évoquant le postérieur. Pétras est à rapprocher de péteux, cul.

 

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